RDC: la diaspora contribue à la réduction de la pauvreté

Selon la Banque mondiale, la diaspora congolaise a envoyé 1,7 milliards de dollars au pays en 2022, ce qui représente 15% du budget de l’État de cette année-là. Qui est qui dans cette communauté congolaise de l’étranger?

Gaston Mutamba Lukusa

La diaspora congolaise fait partie des diasporas les plus importantes d’Afrique. Elle est estimée à environ 16 millions de personnes. Faute de recensement officiel, le chiffre exact des Congolais à l’étranger n’est pas connu. La diaspora congolaise est constituée des hommes et des femmes qui, pour une raison ou une autre, ont quitté leur pays pour tenter leur chance ailleurs. La tendance à l’émigration s’est amplifiée à partir des années 1980 à cause de la mauvaise gouvernance politique et économique ainsi que des conflits armés. Plus tard, leurs rangs ont grossi avec des descendants de première et de deuxième génération. Il y a parmi eux des immigrés légaux tout comme des sans-papiers. Il y a des étudiants qui ne sont pas retournés au pays une fois leur diplôme en poche. Il y a d’anciens diplomates, fonctionnaires, enseignants, médecins, infirmières, ouvriers, scientifiques, commerçants, militaires, religieux, pasteurs des églises de réveil, musiciens, sportifs etc…

Des Congolais de la diaspora se retrouvent soit au chômage, soit exercent de petits boulots soit travaillent au noir. Ils sont employés dans le bâtiment et travaux publics, la petite restauration, la coiffure, le gardiennage, les sports, la musique. Quelques uns – il n’ y a pas de règle sans exception – assument des « responsabilités » dans l’administration publique. D’autres, dans les banques, la police et l’armée du pays d’accueil. Sans omettre le monde médical (médecin, infirmier, aide-soignante). Ils envoient des fonds pour subvenir aux besoins des familles restées au pays (scolarité, mariage, décès, soins médicaux etc.). Il y a aussi des transferts directs de la friperie ainsi que de petits matériels, des véhicules d’occasion et différents biens qui servent à des activités économiques informelles. L’investissement dans des grands projets de développement communautaire ou économique est plutôt rare.

Les Congolais de la diaspora ont acquis le savoir-faire durant leur séjour à l’étranger. Ils ont connu de nouvelles expériences et découvert de nouveaux horizons. Leurs talents peuvent être utiles pour le pays. En Afrique subsaharienne les transferts des migrants ont atteint 53 milliards de dollars en 2022. Les 10 plus grandes destinations sont, outre le Congo-Kinshasa, le Nigeria (20,1 milliards), le Ghana (4,7 milliards), le Kenya (4,1 milliards), le Zimbabwe (3,1 milliards), le Sénégal (2,5 milliards) le Soudan (1,5 milliards), l’Ouganda (1,3 milliards), le Mali (1,1 milliards) et l’Afrique du Sud (0,9 milliards). Les frais d’envoi s’élèvent en moyenne à 8% sur un transfert de 200 dollars. Ces chiffres ont été constitués à partir des sommes qui ont transité par les circuits officiels tels que les banques, Western Union, Money gram etc. En réalité, les envois des fonds sont plus importants si l’on prend en considération les circuits informels tels les transporteurs privés (le migrant lui-même, sa famille ou un ami), les missions religieuses et les Organisations non gouvernementales (ONG).

La Note d’information du 13 juin sur les migrations et le développement de la Banque mondiale signale que les envois de fonds des migrants en 2022 dans le monde se sont élevés à 647 milliards de dollars. Le rapport indique que « les envois de fonds des travailleurs à l’étranger revêtent une importance accrue pour les pays et les ménages; ils sont en effet une source de financement extérieur résiliente, en particulier dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire qui ont accumulé de lourdes dettes extérieures ». Suivant la Banque mondiale, les cinq principaux bénéficiaires de ces envois de fonds étaient, en 2022, l’Inde (111 milliards de dollars), le Mexique (61 milliards), la Chine (51 milliards), les Philippines (38 milliards) et le Pakistan (30 milliards). Les pays dans lesquels le poids des remises migratoires en pourcentage du PIB est particulièrement élevé sont le Tadjikistan (51% du PIB), les Tonga (44%), le Liban (36%), le Samoa (34%) et la République Kirghize (31%).

Cela démontre l’importance de la contribution des fonds au financement des déficits du compte courant et des finances publiques.


Gaston Mutamba Lukusa

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