Rendez-vous manqués!

L’Opposition congolaise s’est empêtré dans ses contradictions. Le 14 juin, Fatshi a promulgué la loi sur la répartition des sièges. Dès le 25 juin, l’opération de réception et de traitement des candidatures aux scrutins directs va donc débuter. La politique de la chaise vide n’a jamais porté de fruits.

Gaston Mutamba Lukusa

Après la marche de l’opposition du 20 mai contre la vie chère et la CENI (Commission électorale nationale indépendante), trois actions furent annoncées urbi et orbi. Primo, un sit-in devant la Centrale électorale tous les jeudis que Dieu a créés, in saecula saeculorum. Pour ceux qui ne causent pas le latin comme le cardinal Fridolin Ambongo Besungu cela veut tout simplement dire dans les siècles des siècles. Secundo, Le 17 juin, un grand rassemblement populaire à la Place Sainte Thérèse dans la commune de Ndjili. Tertio, le 21 juin, une marche de protestation. Le sit-in du 25 mai fut un flop. C’était le jour de Noël kimbanguiste. D’après mon ami qui sait ce qui se passe dans tous les coins et recoins de Kinshasa la déglinguée, Salomon Dialungana Kiangani a révélé, le 13 avril 2000, qu’il est le Christ Jésus. Le 2ème fils du Prophète Simon Kimbangu est né le 25 mai 1916 à Nkamba. Pour ceux qui ne le sauraient pas, le 25 mai est donc le jour de la manifestation de la 2ème naissance de Jésus-Christ. Bref, passons!

Le gouverneur de la ville a demandé de reporter d’une semaine le rassemblement du 17 juin, car le site était occupé pour une autre manifestation. Le rassemblement a ainsi été reporté au 24 juin. Pour la marche du 21 juin, le gouverneur demande de changer d’itinéraire. Cette marche devait partir, à 9 heures, du quartier 3 dans la commune de Masina, passer par le boulevard Lumumba et chuter à la place Saint Raphael sur 1ère Rue Limete. Stupeur et tremblements! Ils comptaient donc passer devant le siège de l’UDPS sur la 12ème Rue! C’est comme cela que les guerres commencent et on ne sait jamais comment elles se terminent. Ceci expliquant peut-être cela, Salomon Kalonda, présenté comme le bras droit ou le cerveau de Katumbi fut arrêté le 30 mai par la Détection militaire des activités anti-patrie (DEMIAP). Le renseignement militaire l’accuse de vouloir « renverser le pouvoir en place en République démocratique du Congo par tous les moyens et y installer un ressortissant katangais ». Enfer et damnation! Pour sa part, mon ami qui est devenu fou affirme qu’il est faux de dire qu’on a arrêté le bras droit ou le cerveau de Katumbi. Il a bien observé. Katumbi a toujours ses deux bras et toute sa tête. Saperlipopette!

Comme si tout cela ne suffisait pas, inaudible depuis plusieurs années, l’ex-Raïs Kabila, a annoncé le vendredi 16 juin à Kingakati, devant un auditoire décimé et clairsemé de fidèles, son retour à la Zorro. La politique, c’est comme le vélo. Quand tu arrêtes de pédaler, tu tombes. Tiens, c’est ce jour-là que l’équipe mixte d’experts internationaux a rendu le rapport global de sa mission d’audit du fichier électoral. L’ex-Raïs a promis de s’adresser bientôt aux Congolais sur les questions politiques pertinentes d’actualité liées à la survie politique du pays. Au fait, il pouvait tout aussi bien utiliser la tribune du Sénat pour exposer son point de vue. Le sénateur à vie demande à ses apparatchiks de ne pas participer au processus électoral dans les conditions actuelles. Le général-major appelle enfin à la « résistance » et à la dignité afin de sortir le pays de la crise. Serait-ce un remake de l’Appel du 18 juin 1940 du général de Gaulle? Nul ne le sait.

Entretemps, le 14 juin, Fatshi a promulgué la loi sur la répartition des sièges. Dès le 25 juin, l’opération de réception et de traitement des candidatures aux scrutins directs va donc débuter. D’après mon ami qui sait tout, la politique de la chaise vide n’a jamais porté de fruits. Comme si cela ne suffisait pas, l’opposition politique s’essouffle à cause des contradictions internes. Comment comprendre que Martin Fayulu, le soldat du peuple, s’associe avec Matata Ponyo éclaboussé par des scandales financiers.

L’union fait la force mais aussi la farce. La démocratie implique non seulement des institutions et des règles juridiques, mais aussi une opposition résiliente. Sans espoir, des risques d’explosion existent au sein d’une population appauvrie. La capacité d’endurance et de tolérance est certes grande. Mais tant va la cruche à l’eau, qu’à la fin elle se brise. On dit chez nous que les pauvres dans le malheur souffrent doublement.


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