Après le 31 décembre: Katumbi entend appeler « la rue » pour chasser « Kabila »

Dans une interview diffusée mardi 26 septembre par la télévision publique France 24, l’ancien gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi Chapwe, clame sa résolution de « faire appel à la rue » au cas où « Joseph Kabila » n’organiserait pas l’élection présidentielle d’ici au 31 décembre prochain. Ce n’est pas la première qu’il fasse une annonce de ce genre. Serait-il entendu le 31 décembre prochain? Les opposants à l’oligarchie en place ne devraient-ils pas parler moins et agir plus?

A l’appui de cette prise de position Moïse Katumbi invoque le premier alinéa de l’article 64 de la Constitution. Cette disposition stipule: « Tout Congolais a le devoir de faire échec à tout individu ou groupe d’individus qui prend le pouvoir par la force ou qui l’exerce en violation des dispositions de la présente Constitution ». « Nous allons le chasser, nous allons faire appel à la rue (…) », a martelé l’ancien gouverneur.

Pour lui, la présence de « Kabila » à la tête de l’Etat après l’expiration – le 19 décembre 2016 – de son second et dernier mandat, est assimilable à un « coup d’Etat constitutionnel ».

Soufflant le chaud et le froid, Katumbi laisse au Président sortant la possibilité de quitter le pouvoir sans le déshonneur. Et ce à la condition qu’il s’en aille de son propre gré. « Je ne suis pas d’accord avec le fait que l’on puisse poursuivre un ancien président et son entourage », fait-il remarquer. Cette « posture à la Mandela » est loin d’être partagée par la grande majorité de Congolais. Les rancœurs sont vivaces. Tenaces.

Candidat déclaré à une élection présidentielle dont la date dépend des caprices du « raïs », « Moïse » a annoncé que son retour au pays est « imminent ». Ce n’est pas la première fois.

Au lendemain du dépôt de sa plainte devant le Haut-commissaire des Nations Unies pour les droits de l’Homme à Genève, il avait fait une annonce similaire. C’était le 16 juin dernier au cabinet de l’avocat parisien Eric Dupond-Moretti. A cette occasion, « Moïse » avait précisé qu’il comptait sur la Mission onusienne au Congo pour « garantir son droit à la liberté et à la sécurité ». « Si Moïse Katumbi met les pieds au pays, il sera arrêté », répliquaient le ministre de la Justice Alexis Thambwe Mwamba et son collègue en charge de la Communication Lambert Mende Omalanga.

C’est le 29 septembre 2015 que Katumbi avait décidé de claquer la porte du parti présidentiel. Il reprochait à « Kabila » d’user de subterfuges pour pérenniser sa présence au sommet de l’Etat. « Je m’oppose fermement à tout prétexte pour retarder les élections, tel que le manque de moyens financiers », faisait-il savoir dans une déclaration. C’est le point de départ d’une longue descente aux enfers.

Après le retrait des policiers chargés d’assurer sa garde, l’ex- « Gouv » a été accusé faussement d’avoir recruté des mercenaires. Le procureur général de la République n’est pas allé par quatre chemins en qualifiant les « faits » « d’atteinte à la sûreté de l’Etat ».

PARLER MOINS, AGIR PLUS…

Autorisé d’aller se faire soigner à l’extérieur du pays après un incident digne des « parapluies bulgares » de l’époque soviétique devant le Parquet de Lubumbashi, Katumbi vit depuis mai 2016 en exil. Entre lui et le « raïs », l’affrontement prend l’allure d’un « combat au couteau ». « Nous ne laisserons pas le pouvoir à n’importe qui », confiait Zoé « Kabila » à Jeune Afrique. Derrière « n’importe qui » apparaît sans doute en filigrane les traits de « Moïse ».

A l’occasion du 56ème anniversaire de la proclamation du Congo-Kinshasa, le 30 juin 2016, l’ancien gouverneur du Katanga déclarait que « le 20 décembre 2016, Joseph Kabila ne dirigera plus la RDC ».

L’Acte d’engagement signé le 10 juin 2016 à Genval par les représentants des forces politiques et sociales acquises au changement ne disait pas autre chose: « Prenons acte de la fin du deuxième et dernier mandat de Monsieur Joseph Kabila Kabange 19 décembre 2016 à minuit et saluons son départ du pouvoir le 20 décembre 2016 à 0h00 ».

Le 4 août de la même année, Katumbi d’enfoncer le clou: « Le 20 décembre 2016, un nouveau président de la République doit être en fonction. (…) ».

Questions: Moïse Katumbi serait-il entendu par « la rue » après le 31 décembre prochain? Les opposants au pouvoir kabiliste ne se discréditent-ils pas volontairement en lançant des ultimatums non suivis d’effets? Ne devraient-ils pas parler moins et agir plus?

 

B.A.W.

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