Diaspora congolaise: Et revoici l’Apareco?

Vingt mois après la disparition de son initiateur – Honoré Ngbanda Nzambo ko Atumba -, l’Alliance des patriotes pour la refondation du Congo (Apareco) parait loin d’être sortie de la « zone de turbulence ». Au cours d’un point de presse qu’il a animé samedi 19 novembre, Alphonse Ebama Ndjoko, président national intérimaire, est apparu moins pessimiste. Selon lui, le Mouvement est à nouveau audible. Il devait observer un devoir de « silence » face à une « inflation judiciaire ». Le verdict tant attendu est tombé le 17 novembre 2022. Dans une ordonnance de référé, le tribunal judiciaire de Créteil, région parisienne, a reconnu la « légitimité » d’Alphonse Ebama en tant que Président national a.i de l’Apareco. Toutefois, ce dernier est invité à convoquer un « congrès extraordinaire » dans le respect des dispositions statutaires. Sur la photo, on voit de gauche à droite: Clovis Mbikay (Chargé des relations extérieures), Alphonse Ebama Ndjoko, Dany Mabuki (Dir-Cab), Paulin Lomena (Secrétaire général) et Mizrahi Michaël (conseiller juridique).

Bruxelles. Samedi 19 novembre. Hôtel Citadines. Les oreilles de la dame Candide Okeke Langania, l’ancienne « Dir-Cab » du regretté Honoré Ngbanda Nzambo ko Atumba, n’ont pas manqué de siffler. Bien qu’absente, elle était bien présente dans les esprits.

Dès l’entrée dans la salle de conférence, située au 8ème étage, une hôtesse distribue à l’assistance un dossier de presse. Celui-ci contient des décisions judiciaires bien numérotées de 1 à 4. Il s’agit des jugements rendus par la section des Référés du Tribunal judiciaire de Créteil, en France.

Alphonse Ebama Ndjoko

Dans la première, la demanderesse n’est autre que Candide Okeke qui s’était autoproclamée « Présidente nationale ». Pour l’essentiel, notre compatriote demandait notamment à la juridiction précitée de « faire interdiction aux membres disciplinairement exclus de l’Apareco ainsi qu’à Alphonse Ebama de s’exprimer au nom de l’Apareco ». Le tribunal l’a finalement débouté estimant qu’elle n’avait pas qualité pour agir. Exit donc « Mama Candide ».

« CONGRES EXTRAORDINAIRE »

Dans le dernier jugement portant le numéro 4, les demandeurs sont au nombre de soixante-sept. Dans les milieux de l’Apareco, ces derniers sont gratifiés de la douce appellation de « frondeurs ». A l’instar de « Candide », ils demandent ni plus ni moins que l’annulation de la désignation d’Alphonse Ebama en qualité de Président national ad interim.

Dans le verdict rendu en date du 17 novembre 2022, on peut lire notamment ce qui suit: « La désignation de Monsieur Alphonse Ebama Ndjoko en qualité de président ad interim n’étant pas manifestement illicite, il avait qualité, au vu des dispositions du règlement d’ordre intérieur (article 14) pour convoquer le congrès en session extraordinaire ».

Dans son mot introductif, l’ancien directeur à la Gécamines est apparu plutôt optimiste. « L’Apareco reste un et unique », s’est-il exclamé avant de rappeler que ce « mouvement de résistance » a été créé le 26 avril 2005. Contre toute attente, le Président national en exercice, Honoré Ngbanda, est décédé le 21 mars 2021. Problème: l’article 9 des Statuts n’avait pas prévu le « décès » du Président national parmi les modes de cessation de fonction. Face au vide juridique, Candide Okeke fut chargée d’assurer l’intérim du Président national avec pour mission l’organisation du congrès. « Elle a procédé à des nominations tout en faisant de l’Apareco sa marque déposée », souligne Ebama. Ajoutant que la dame Okeke avait saisi la justice « pour défendre son intérêt ». C’est ainsi que « la confiance a été rompue ».

Honoré Ngbanda Nzambo Ko Atumba. Photo Congo Indépendant

Il importe d’ouvrir une parenthèse ici. Dans une interview accordée à Congo Indépendant en 2010, Honoré Ngbanda est resté fidèle à sa « doctrine » selon laquelle depuis le 17 mai 1997, le Congo-Kinshasa est un « pays occupé ». Pour lui, il importe de boycotter les élections aussi longtemps que l’ex-Zaïre ne sera pas libéré. « (…) je n’ai pas connaissance d’un seul pays au monde – occupé de surcroît par des forces militaires et politiques étrangères – où ses citoyens ont réussi à le libérer en organisant des élections, sous l’égide du même pouvoir d’occupation », déclarait-il ». Fermons la parenthèse.

« HONORE NGBANDA, UN PROPHETE »

Pour Alphonse Ebama, le défunt président national de l’Apareco « fut un prophète ». Pour lui, « l’ennemi à abattre est resté le même ». Aussi, l’Apareco va-t-elle poursuivre la lutte par la « résistance » jusqu’à la libération du pays.

D’après Ebama, « dans leur configuration actuelle », les FARDC (Forces armées de la RDC), ne pourraient pas gagner la guerre dans l’Est. « Nos militaires sont dirigés par des occupants », martèle-t-il en rappelant que « nos meilleurs officiers ont été éliminés ». Après avoir égratigné au passage le président Felix Tshisekedi ainsi que l’actuel ministre de la Défense nationale, le Président de l’Apareco de lancer un appel à la « composante congolaise des FARDC ». Il exhorte celle-ci à lancer une « mutinerie ». Et de conclure: « Nous estimons que le pays est occupé. L’opposition fait de la collaboration ».

Avant de passer au jeu de questions-réponses, le président Ebama s’est montré conciliant en direction de ses camarades en invitant tous les membres de l’Apareco à prendre part au prochain congrès. « J’invite tout le monde [à y participer] y compris les frondeurs ».  Va-t-on assister à de nouvelles empoignades? L’avenir le dira.


Baudouin Amba Wetshi

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