Elections générales: des pleurs et des grincements de dents

Gaston Mutamba Lukusa

Le 14 janvier 2024, la CENI (Commission électorale nationale indépendante) a publié les résultats provisoires des élections législatives. Le 21 janvier, soit le lendemain de la prestation de serment et de l’investiture de Fatshi en qualité de Président de la République, il y eut publication par la CENI des résultats provisoires de l’élection des députés provinciaux. Ce fut l’exultation pour certains et la « Nakba » pour des milliers d’autres comme lors de la publication des résultats provisoires des législatives nationales.

Multi sunt vocati, pauci vero electi. Pour ceux qui ne causent pas latin comme le cardinal Fridolin Ambongo Besungu, cela veut dire, « beaucoup sont appelés, mais peu sont élus ». Selon mon ami qui sait ce qui se passe dans tous les coins et recoins de Kinshasa la déglinguée, certains candidats furent élus par des électeurs en chair, en os et en lunettes. D’autres cependant furent élus par des machines à voter ou à voler sans intelligence artificielle. Enfin, les plus malins se seraient contentés de siphonner les voix d’autrui. Enfer et damnation!

Dans un communiqué alambiqué qui demande souvent un QI (quotient intellectuel) élevé pour piger, les curés de la CENCO (Conférence épiscopale nationale du Congo) affirmèrent ex cathedra, le 16 janvier, que les élections ont été caractérisées, en général, par la fraude, la corruption à grande échelle, le vandalisme de matériel électoral, l’incitation à la violence, la détention illégale de machines à voter, l’achat de consciences, l’intolérance, l’impudicité, l’atteinte aux droits de l’homme, à la vie humaine et à la dignité des personnes allant jusqu’à humilier publiquement la femme. Enfin, tout ça! Enfer et damnation!

Mais paradoxalement, les curés ne contestèrent pas, comme ils en ont l’habitude, les résultats de l’élection présidentielle. Sapristi! Ils sont très forts en sémantique, ces curés. Il faut avoir été au séminaire pour comprendre ce qu’ils veulent exactement dire! Réponse du berger à la bergère, la CENI leur tint à peu près ce langage le 19 janvier. La critique est aisée alors que l’art est difficile. La conséquence étant qu’au lieu de se livrer à une analyse approfondie et systématique de la situation générale et du contexte dans lequel lesdits scrutins se sont déroulés, la CENCO a appliqué la politique de l’autruche qui consiste à ne pas aborder les vrais problèmes et leurs causes. Pour la CENI, la CENCO s’est livrée à une analyse superficielle basée essentiellement sur les symptômes du problème pour enfin proposer des pistes de solutions qui ne remédieraient pas de manière sérieuse et durable à aucun des maux décriés. Saperlipopette!

Mon ami qui est devenu fou ne décolère pas. Il avait contribué avec un peu de sous à la campagne électorale d’un candidat du quartier qui n’est pas passé alors qu’il était le meilleur élu de la commune. Il déclare urbi et orbi qu’un margoulin lui a volé ses voix par des pratiques magiques. Il ne reste donc plus que d’aller devant les Cours et Tribunaux pour corriger tout cela. Pas étonnant que les juges se pourlèchent les babines en ces temps de crise. Les nombreux contentieux électoraux vont enrichir certains et appauvrir d’autres. N’est-ce pas qu’il y a des riches parce qu’il y a des pauvres? Comprenne qui pourra. Bref, passons!

Selon mon ami qui sait tout, la CENI pratique le scrutin proportionnel avec plus fort et seuils de représentativité et recevabilité. Il peut arriver qu’un candidat qui a obtenu beaucoup de voix sur une liste ne soit pas élu après calculs du seuil électoral et répartition des sièges aux candidats selon le plus fort reste. Rien n’est parfait dans les actes humains. Mais la vie doit continuer après les élections.

On dit chez nous que ce n’est pas parce que je veux de la sauce que je vais me retourner la marmite chaude sur la tête.

GML

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