Et les « anciens » diplomates « oubliés » à l’étranger?

Thomas Mambo Elanga

Après une longue maladie, Thomas Mambo Elanga est décédé. Il a été inhumé le samedi 13 août dans un cimetière bruxellois. Ancien attaché culturel à l’ambassade de la RDC à Bruxelles, il faisait partie des « anciens » diplomates répudiés par les pseudo-libérateurs du 17 mai 1997. Avant lui, le Très Haut avait rappelé, les aînés Mpiangu Mbambu et Jeff Mbomboko Empongo.

Il ne se passe pas deux mois sans que l’on apprenne la disparition – aux quatre coins du monde – d’un « ancien » diplomate, emporté par une longue maladie ou par une attaque vasculaire cérébrale. Stress oblige!

Thomas Mambo et Jeff Mbomboko faisaient partie des membres actifs d’un « collectif » mis en place par des « anciens » diplomates, arrivés à la fin de leur mandat, attendant le rapatriement. Et ce depuis l’accession au pouvoir de Laurent-Désiré Kabila à ce jour. On imagine que cette question n’a jamais fait partie des dossiers évoqués lors d’une remise-reprise entre le ministre des Affaires étrangères sortant et l’entrant. C’est connu, le social a toujours été le parent pauvre dans ce pays.

L’objectif de cette association de fait était d’amener les nouveaux maîtres du pays à se soumettre aux lois et règlements en vigueur. Et ce y compris les conventions internationales. C’est le cas notamment de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques dont l’article 39-2 stipule notamment: « Lorsque les fonctions d’une personne bénéficiant des privilèges et immunités prennent fin, ces privilèges et immunités cessent normalement au moment où cette personne quitte le pays, ou à l’expiration d’un délai raisonnable qui lui aura été accordé à cette fin, mais ils subsistent jusqu’à ce moment, même en cas de conflit armée. (…) ». Lorsque la loi est claire, elle n’appelle aucune interprétation.

Pour ceux qui ne le savent pas, le Congo-Zaïre compte à ce jour pas moins de 70 missions diplomatiques (Ambassades et consulats généraux) aux quatre coins du monde. Question: ces postes sont chargés de promouvoir quels intérêts, avec quels moyens, dans cette indéfinition de la politique étrangère du pays? Les représentations diplomatiques congolaises sont réduites au rang d’une simple bureaucratie. Une bureaucratie inefficace.

Depuis 1990 à ce jour, les ministres des Affaires étrangères successifs (32, au total) n’ont pas cessé de claironner leur « détermination » à réduire le nombre de ces représentations diplomatiques en regroupant certaines et en supprimant d’autres. Sans oublier de « dégraisser » les effectifs inutilement pléthoriques. Hélas, c’est toujours le statu quo.

En séjour à Kisangani (Province de la Tshopo), le ministre de la Fonction publique, Jean-Pierre Lihau Ebua, a annoncé, le 14 juillet dernier, que son ministère va procéder – de concert avec les ministères du Budget et des Finances – à la mise à la retraire de 10.000 agents de l’Administration publique d’ici au mois de décembre prochain. Pour l’exercice 2023, le ministre Lihau envisage de pensionner 50.000 individus. Rien à fouetter. Bien au contraire.

Qu’en est-il de la situation des « anciens » fonctionnaires envoyés à l’étranger par le Zaïre et « rejetés » par la République démocratique du Congo? Le ministre de la Fonction publique a-t-il pris en compte les cas de ces fonctionnaires? Après le changement intervenu au sommet de l’Etat le 24 janvier 2019, l’heure n’est-elle pas venue de clarifier la « position administrative » des « anciens » diplomates dits « mobutistes » jetés dans la rue par les « libérateurs » autoproclamés du 17 mai 1997?

Le 17 mai 1997, les soi-disant « libérateurs » se sont empressés de déstructurer l’Etat zaïro-congolais en posant deux actes aux conséquences graves tant en ce qui concerne la souveraineté nationale que l’intégrité du territoire. Premier acte: interner les 42 à 43.000 militaires des Forces armées zaïroises dans la Base de Kitona, transformée en camp de concentration. « Chaque jour, il y avait quinze à vingt morts à inhumer, confie le colonel logisticien Kadate Lekumu. Pour une raison que je ne saurai expliquer, la diarrhée était diagnostiquée comme cause principale du décès… ». Deuxième acte: Décapiter les missions diplomatiques congolaises en écartant le personnel doté d’un savoir-faire certain.

En détruisant le socle de l’armée zaïro-congolaise, l’Ougandais Yoweri Kaguta Museveni et son « filleul », le Rwandais Paul Kagame, étaient décidés à priver le Congo-Kinshasa d’une force dissuasive. L’objectif était claire: mettre le pays à genoux. A l’extérieur, l’ex-Zaïre était « rendu aveugle ». Et pour cause, il était privé de ses « espions officiels » que sont les diplomates. Outre la représentation et la protection des intérêts, le diplomate est chargé d’observer et d’informer le pays d’envoi sur les faits significatifs notés dans sa juridiction. LD Kabila a laissé faire. Devenu Président le 26 février 2001, « Joseph Kabila » avait sans doute reçu mission de « terminer le travail » commencé par le duo Museveni-Kagame. Il n’a rien fait pour redonner au pays une armée dissuasive.

Osons espérer que le ministre des Affaires étrangères et son collègue en charge de la Fonction publique auront à cœur de mettre sur pied une « commission spéciale » chargée de clarifier la situation administrative de tous les « anciens » diplomates « oubliés » à l’étranger. Il s’agit de réparer une injustice.

Au moment où ces lignes sont écrites, Dieu seul sait le nombre d’anciens diplomates admis, à travers le monde, dans les hôpitaux et dont la vie ne tiendrait qu’à un fil. En cause: la pauvreté et la maladie.


Baudouin Amba Wetshi

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