La crise mondiale de l’eau menace le développement

Gaston Mutamba Lukusa

Selon la Banque mondiale, l’eau est cruciale pour la bonne santé des populations. C’est une source de croissance économique, d’écosystèmes florissants et de vie. Pourtant, plus de 2,3 milliards de personnes sont privées d’eau potable et 3,6 milliards ne disposent d’aucune installation d’assainissement. La crise mondiale de l’eau menace aujourd’hui le développement.

Le 22 mars de chaque année est la journée mondiale de l’eau. Elle permet d’attirer l’attention sur l’importance de l’eau douce et de plaider pour la gestion durable de cette ressource naturelle qui se raréfie de plus en plus à cause des changements climatiques. Il n’y a qu’à voir le dessèchement de la mer Morte à la suite de l’utilisation intense pour l’irrigation du fleuve Jourdain qui l’alimente sans compter l’évaporation des eaux par suite de la chaleur. Il y a le rétrécissement depuis une cinquantaine d’années de la mer d’Aral suite au détournement et à l’utilisation pour l’irrigation des deux fleuves qui l’alimentent: l’Amou-Daria et le Syr-Daria. Le Lac Tchad a perdu 90% de son volume depuis les années 60 en raison principalement du surpâturage, de la déforestation et de l’irrigation.

L’eau peut aussi devenir une source de conflits. C’est le cas des tensions actuelles entre l’Ethiopie d’une part et l’Egypte et le Soudan d’autre part qui craignent pour leurs ressources en eau à la suite de la construction du grand barrage de la Renaissance.

Afin d’accélérer les progrès vers l’accès universel à l’eau potable et à l’assainissement, il s’est tenu cette année à New York, du 22 au 24 mars, la Conférence des Nations Unies sur l’eau. Elle a rassemblé des représentants des gouvernements des Etats membres et des organes des Nations unies, des institutions internationales, des organisations non-gouvernementales, des institutions académiques et scientifiques, ainsi que des acteurs du secteur privé et de la société civile. Les objectifs des organisateurs étaient d’obtenir des engagements volontaires en faveur du Programme d’action pour l’eau visant à garantir son accès à tous. Suivant la Banque mondiale, l’eau est cruciale pour la bonne santé des populations et de la planète. C’est une source de croissance économique, d’écosystèmes florissants et de vie. Pourtant, plus de 2,3 milliards de personnes sont privées d’eau potable et 3,6 milliards ne disposent d’aucune installation d’assainissement.

La crise mondiale de l’eau menace aujourd’hui le développement. Le coût économique mondial de l’insécurité hydrique est estimé à près de 500 milliards de dollars par an. L’aggravation des sécheresses et des inondations due au changement climatique et à l’explosion démographique ne fait qu’exacerber le problème. Il est donc urgent de changer d’approches et de passer à la vitesse supérieure pour résoudre la crise. Suivant l’UNICEF, la République Démocratique du Congo possède plus de 50% des réserves d’eau du continent africain. Malgré ce potentiel, 33 millions de personnes en milieu rural n’ont pas accès à de l’eau de qualité. Malgré des efforts continus, seulement 52% de la population a accès à un point d’eau amélioré et 29% à des installations sanitaires améliorées. Et pourtant, par suite d’une abondance et d’une régularité des pluies, le pays possède un très riche bassin hydrographique. La fourniture d’eau est assurée en milieux urbains par la REGIDESO, et en milieu rural par le ONHR (Office national d’hydraulique rurale), deux entreprises de l’Etat. La situation s’explique évidemment par une mauvaise gestion, la corruption, l’inertie bureaucratique et la faiblesse des investissements dans les domaines des ressources humaines et des infrastructures physiques. Il y a des quartiers qui restent sans eau potable au robinet pendant plusieurs années. C’est la conséquence non seulement d’une mauvaise gestion financière mais aussi du non-paiement des factures par les instances officielles (écoles publiques, camps militaires, administration publique, hôpitaux).

Le manque de ressources financières se traduit évidemment par la dégradation de l’outil de production par suite du manque d’investissements. Les difficultés financières sont telles que la société est incapable de renouveler les stocks de consommables (chlore, sulfate d’alumine, chaux, gasoil) sur fonds propres. Elle recourt régulièrement à des aides étrangères. La privatisation serait-elle la solution pour faire face aux difficultés de desserte en eau des milieux urbains et péri-urbains?


Gaston Mutamba Lukusa

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