Politique: Pius Muabilu « désavoué » par ses « camarades » du Fcc/Pprd

Les méthodes de la mouvance kabiliste dite « Fcc/Pprd » n’ont rien à envier à celles d’une secte. Point de salut pour quiconque ose passer outre le « mot d’ordre » du « grand prêtre » qui n’est autre que l’ex-président « Joseph Kabila ». Autorité morale du « Congrès national congolais » et président d’un de ces regroupements politiques à la dénomination pittoresque « AA/a » – servant de marchepied au Pprd -, le ministre de l’Urbanisme et habitat vient d’en faire l’amère expérience. Il fait partie de très rares personnalités étiquetées « kabilistes » qui étaient présentes, mercredi 21 octobre, à la prestation de serment des juges constitutionnels Dieudonné Kaluba Bibwa, Alphonsine Kalume Yasengo et Dieudonné Kamulete Badibanga. Au-delà de la situation de Muabilu, les Congolais se trouvent à l’heure du choix. Le choix entre Felix Tshisekedi et « Joseph Kabila ».

Néhémie Mwilanya Wilondja

Néhémie Mwilanya Wilondja, le coordonnateur du Fcc

Dans une déclaration faite, samedi 24 octobre, la « conférence des présidents » du très folklorique « AA/a » (Alliance pour l’avenir) – une de ces formations politiques montées de toutes pièces par « Joseph Kabila » et le président de la Ceni (Commission électorale nationale indépendante) Corneille Nangaa pour permettre au Pprd de garder une place dominante aux élections de 2018 – a fait savoir sa « désapprobation » face à la présence de Pius Muabilu au Palais du peuple lors de la prestation de serment des juges cités précédemment. Et ce contrairement à la position que le Fcc avait communiqué la veille à « ses cadres et membres ».

COMPORTEMENT REPUBLICAIN

On imagine la colère de « Kabila » et de son « homme de main » Néhémie Mwilanya Wilondja lorsqu’ils ont appris qu’un membre du gouvernement, portant le label Fcc, a rehaussé de sa présence cette manifestation organisée par la Présidence de la République. La « conférence des présidents » s’est vite réunie pour « sanctionner » cet « acte d’indiscipline » en annonçant que Muabilu a assisté à cette cérémonie à titre personnel. Et que sa présence « n’engage pas ce regroupement ».

A ses camarades de « AA/a », le patron du quotidien « L’Avenir » a opposé un argument « républicain ». Un argument pour le moins inaudible dans ce Congo-Kinshasa où les politiciens préfèrent écouter leur « panse ». Les « cadres et membres » du Fcc/Pprd sont réduits au rang de caporaux. Des « caporaux » d’une « armée » commandée par un seul « général ». Nom: « Joseph Kabila ». « Mes chers compatriotes, répondre à l’invitation du chef de l’Etat, en tant que ministre du gouvernement, n’est pas une renonciation à mon appartenance à ma famille politique », a répliqué Muabilu en précisant qu’il s’agit d’un « comportement républicain ».

Coup de chapeau à l’actuel ministre de l’Urbanisme. Il s’est comporté en homme d’Etat. D’aucuns ne manqueront pas de le suspecter d’avoir « répondu au cri du sang », selon la formule kinoise dite « makila egangi ».  On peut gager que le siège de ce membre du gouvernement est désormais « éjectable ».

DES INTELLECTUELS ASSERVIS PAR UN VA-NU-PIEDS

Le « grand prêtre » « Joseph Kabila » salue le professeur Evariste Boshab, un éminent constitutionnaliste congolais. C’était lors d’une réunion du Fcc/Pprd

Le commun de mortels des Congolais peine à s’expliquer comment des universitaires (professeur truc, professeur machin…), des personnalités bardées de diplômes et autres cadres de la haute administration, aient pu se laisser asservir par un prétendu « gourou » démuni des ressources intellectuelles et morales. Bref, un va-nu-pieds qui est arrivé, sans le moindre sou, chaussé de bottes en caoutchouc, dans le pays qui s’appelait encore Zaïre, en janvier 1997.

Qui aurait pu imaginer que cet individu au passé énigmatique, allait, quatre années plus tard, accéder à la tête de l’Etat rebaptisé Congo-Kinshasa? Qui aurait pu imaginer également que ledit individu allait être « élu démocratiquement » en 2006 face à un fils du pays (Jean-Pierre Bemba) et « réélu démocratiquement » en 2011 face à un autre fils du pays (Etienne Tshisekedi wa Mulumba)? En 2006 et 2011, les « leaders » politiques et des « intellectuels » que l’on qualifie sous d’autres cieux de « savants » se sont ralliés à cet individu qui laissera un lourd passif. A savoir: dix-huit millions d’adultes congolais qui ne savaient ni lire ni écrire en 2016!

Comble de l’humiliation, on apprenait le samedi 6 juin dernier que des caciques du Fcc/Pprd s’étaient retrouvés à l’immeuble dit « Procoki » pour célébrer l’anniversaire de « Joseph Kabila ». Problème: l’intéressé n’a même daigné se présenter sur le lieu. Les participants ont profité de cette occasion pour lui réaffirmer « leur indéfectible loyauté ». On est où là! Du jamais vu même à l’époque du culte de personnalité sous le MPR parti-Etat.

Devenu plus riche que l’Etat qu’il était censé servir, « Kabila » est devenu le grand manipulateur des Congolais. Au moment où l’opinion nationale attendait l’allocution du président Felix Tshisekedi dans la soirée du vendredi 23 octobre, les gouverneurs étiquetés Pprd du Lualaba (Richard Muyej)  et du Haut-Katanga (Jacques Kyabula)  ont mobilisé quelques députés provinciaux soudoyés pour faire des « déclarations politiques » prétendant qu’une « dictature » était en gestation. Le député Donat Tshimboj du Lualaba aura notamment ces mots: « La population lualabaise reste derrière le Fcc et son autorité morale Joseph Kabila qui s’est sacrifié pour remettre la RDC et la démocratie sur le rail (…)« .

Les députés provinciaux du Haut-Katanga qui ont suivi le speech présidentiel du 23 dénoncent et ne disent pas autre chose. Ils ont ânonné une « dérive dictatoriale » en gestation.

« FELIX » OU « KABILA »

Kabila et Tshisekedi

Nombreux sont les parlementaires nationaux et membres du gouvernement central qui avaient l’envie de désobéir au mot d’ordre stupide donné par « Kabila » de boycotter une cérémonie républicaine. Hélas, ce beau monde n’a pas eu le courage de franchir le rubicond à l’image du ministre Muabilu.

Qui pourrait oublier le caractère chaotique des élections organisées le 30 décembre 2018? Deux années après la proclamation des résultats provisoires par la Ceni et la confirmation de ceux-ci par la Cour constitutionnelle, l’enjeu du moment est ailleurs.

Chacun a le droit d’aimer ou de ne pas aimer Felix Tshisekedi Tshilombo. Le problème n’est pas là. En attendant que les « résistants » qui fleurissent sur les réseaux sociaux décident de prendre les armes pour chasser les « occupants », le problème du moment se pose en termes de choix: soutenir « Felix » – l’enfant du pays – ou le déstabiliser ouvrir un grand boulevard permettant à « Kabila » de revenir aux affaires sous le « masque » d’un de ses « avatars » tel que Thambwe Mwamba Alexis. Et ce pour « achever le travail » commencé le 26 janvier 2001. On doit choisir…

 

Baudouin Amba Wetshi

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