Province de l’Equateur: L’Etat doit rester neutre

Wina Lokondo

Wina Lokondo

En mai 2008, j’étais nommé conseiller et, quelques mois après, conseiller principal au cabinet du gouverneur de la province José Makila. Jean-Claude Baende, alors vice-gouverneur – et dont je fus un intime, avait l’habitude de convoquer les réunions de son parti, Udhc qui deviendra Adh, en sa résidence officielle. Je lui avais fait comprendre que les réunions d’une association politique (un fait privé), fut-elle la sienne, ne pouvaient se tenir dans un lieu officiel. Il m’avait compris et les rencontres de ses partisans se tinrent après ailleurs. J’avais fait, quelques temps plus tard, la même remarque à mon aîné Vincent Mokako, également vice-gouverneur et assumant l’intérim du gouverneur démis de ses fonctions, qui, ayant quitté le Mlc, avait cru opportun, afin de se sécuriser politiquement, d’adhérer, bien que sans conviction, au Pprd. Il crut devoir exprimer sa (fraîche) fidélité à sa nouvelle famille politique en faisant hisser les drapeaux de son parti sur les murs de la clôture de la même résidence officielle. Je lui fis savoir que cet acte entamait la neutralité de l’Etat qu’il incarnait par sa fonction. Lui aussi m’avait compris et fit enlever les étendards pprdiens.

Récemment, j’ai fait la même réflexion à Joël Ilangila, un activiste du Pprd et zélé kabiliste de Mbandaka (en présence du député provincial Badjoko), après que j’aie demandé, avec une déterminée insistance, qu’on enleva les drapeaux du même Pprd placés à l’entrée de la cité dite « Six Maisons » située sur l’avenue Ipeko, le lieu n’étant pas, ai-je fait savoir à mes interlocuteurs, une propriété de ce parti, celui du président Kabila soit-il. Les drapeaux ont aussitôt été retirés par les policiers qui assuraient la sécurité des lieux, lesquels ont vite compris – une fois n’est pas coutume – la justesse de l’objection d’un citoyen non partisan de la majorité présidentielle. Vive les policiers!

J’ai vu hier les photos d’une réunion de la fédération du… Pprd de l’Equateur organisée par le gouverneur Boloko Bolumbu dans sa résidence officielle. Une énième et même faute politique. Eternel et kabiliste atavisme? Monsieur Boloko doit savoir dissocier ses occupations officielles de ses activités partisanes, militantes. Celles-ci doivent se dérouler dans des endroits privés (siège du parti, salle louée,…). L’Etat, dans une (vraie) démocratie, est l’arbitre. Il est à tous et doit rester neutre. Ses biens et ses bâtiments doit également l’être. Aucun parti politique ne peut s’en réserver une exclusive jouissance. Nous y veillons. Puissent le gouverneur et ses amis le savoir.

 

Par Wina Lokondo
© Congoindépendant 2003-2018

Happy
Happy
0 %
Sad
Sad
0 %
Excited
Excited
0 %
Sleepy
Sleepy
0 %
Angry
Angry
0 %
Surprise
Surprise
0 %