Tanganyika: Que va faire « Kabila » à Kalemie?

Dans sa rubrique « Confidentiel », le magazine « Jeune Afrique » annonce que l’ex-président « Joseph Kabila » se prépare à aller « en vacances ». Il va s’installer pendant un mois à Kalemie, le chef-lieu de la province de Tanganyika où il a « investi dans l’immobilier ». Le Tanganyika a pour gouverneur Zoé « Kabila », alias « Monsieur frère ». Cette région congolaise n’est séparée de la Tanzanie que par le lac du même nom. L’ex-Président congolais voudrait-il transformer cette partie du pays en une sorte d’ « Emirat » au moment où des sources font état de la présence d’un important gisement d’or noir sous le lac? Et si ces investissements immobiliers dissimulaient, en réalité, une opération de « blanchiment » d’argent sale?

L’information publiée par cet hebdomadaire parisien est tout sauf un scoop. C’est depuis le début de l’année 2016 que « Joseph Kabila » – dont le second et dernier mandat devait expirer le 19 décembre 2016 – aurait « succombé » sous le « charme » de cette entité territoriale à vocation plutôt agricole et dont la superficie est de 134.940 km².

Tout s’est passé comme dans une pièce de théâtre à plusieurs actes.

Premier acte. Le 5 janvier 2016, le président sortant effectue un « séjour de travail » à Kalemie. En fait de travail, cet homme réputé paresseux et frivole, en a profité pour visiter quelques sites devant abriter un « hôpital moderne ». Il visite, à cette occasion, les quartiers de Lubuye et Mukulu à Kichanga. Quelle est la source de financement? Mystère!

Ouvrons la parenthèse. Le 11 mai 2016, la Cour constitutionnelle est saisie par un groupe de députés nationaux étiquetés PPRD, le parti kabiliste. Ces parlementaires, avec à leur tête un certain Emmanuel Ramazani Shadary, demande l’interprétation du deuxième alinéa de l’article 70 de la Constitution dont la limpidité se passe de toute interprétation: « A la fin de son mandat, le Président de la République reste en fonction jusqu’à l’installation effective du nouveau Président élu ». Pour les kabilistes, leur  « champion » reste en fonction jusqu’à l’élection du nouveau Président. Fermons la parenthèse.

Deuxième acte. Au mois de juin 2016, c’est un « Kabila » rasséréné qui revient à Kalemie. Cette fois, c’est pour lancer les travaux de construction d’un « stade moderne » de 15.000 places à Mukulu. Coût: 10 millions $. La réalisation de cet ouvrage est confiée à la société chinoise CREC 9. La construction d’un « bateau moderne » de plus de 3.500 tonnes est également mise en route.

Troisième acte. Au cours du même mois de juin, d’autres « grands travaux » sont lancés. C’est le cas de notamment de l’élargissement de l’aéroport de Kalemie. La piste d’atterrissage passe de 1.750 à 2.500 mètres. Coût: 18 millions $. L’aérogare subi, dans la foulée, un « lifting ». Les travaux sont conduits par une entreprise du Groupe Forrest et la chinoise SZTC. Les deux sociétés sont chargées de construire une université.

« BLANCHIMENT »

« Joseph Kabila » en visite à Kalemie

Quatrième acte. En janvier 2018, soit onze mois avant l’organisation des élections générales, le « raïs » se rend à nouveau à Kalemie. But: inspecter l’évolution des travaux. Avide des « fermes », l’homme se fait bâtir un « ranch » à quelques encablures du village Lukwangulo. Pour la petite histoire, « Kabila » est « propriétaire » d’une dizaine de fermes. On peut citer notamment: Ile de Mateba, Kabasha, Kashamata, Kingakati, Kundelungu etc.

Cinquième et dernier acte. Le 26 septembre 2018, Richard Ngoie Kitangala, alors gouverneur du Tanganyika, fait une sortie médiatique tonitruante à Kinshasa. Tel un prestidigitateur, Ngoie sort de son « chapeau » un « Plan de développement – 2019/2024 » de cette province. Le projet est évalué à trois milliards $. Ni plus ni moins. Le problème? le gouverneur est apparu peu convaincant sur l’origine du financement. « Une partie viendra du gouvernement national. Les partenaires techniques et financiers apporteront l’autre partie », balbutia-t-il.

Pour la petite histoire, le Tanganyika, à l’instar de la majorité de provinces du pays, souffre d’un grave déficit en énergie électrique. La région ne compte aucune industrie. Certains observateurs de s’interroger si l’ « investisseur-fantôme » annoncé ne serait pas finalement « Joseph Kabila », en personne. Il semble que l’homme aurait plein de « cash » qu’il ne peut déposer dans des banques étrangères. Aussi, investit-il dans l’immobilier. Serait-on face à une vaste opération de blanchiment d’argent sale?

Des voyageurs en provenance du « Grand Katanga » signalent une présence massive de sujets somaliens. La gestion des stations d’essence serait leur activité de prédilection. On note également la présence massive de citoyens tanzaniens.

UNE QUESTION DE SÉCURITÉ NATIONALE   

On l’a écrit à maintes reprises, dans ces colonnes, que la fratrie « Kabila » considère le Congo-Kinshasa comme un « butin de guerre ». Nés en Tanzanie où ils ont grandi et même accompli le service militaire, Joseph, Jaynet et Zoé « Kabila » n’ont aucune attache affective avec ce pays qui les a sorti du néant.
Ceux qui ont eu à côtoyer « Joseph » assurent que celui-ci est fourbe et  calculateur. Il ne fait jamais rien pour rien.

Questions: Quel est le dessein qui se dissimule derrière les « investissements immobiliers » accomplis par l’ex-Président à Kalemie et ses environs? Pourquoi ce dernier a-t-il entreposé tout un arsenal dans cette contrée? Voilà une question qui est de nature à intéresser la sécurité nationale.

Huit mois après l’investiture de Felix Tshisekedi Tshilombo à la tête de l’Etat, force est de constater que les « hommes du raïs » continuent à occuper les postes névralgiques du pays comme si de rien n’était. A savoir: l’armée, la police, les services de renseignements civils et militaires. Sans omettre les organismes générateurs de recettes et la Banque nationale.  Aucune restructuration en profondeur n’a eu lieu à ce jour.

Le nouveau chef de l’Etat qui clamait sa volonté de « gouverner le Congo autrement » semble tétanisé par son devancier au point de s’accommoder des anciens collaborateurs de ce dernier. Des hommes et des femmes à la réputation sulfureuse.

A en croire « Jeune Afrique », l’ex-Président congolais va convoquer « prochainement » un « congrès de refondation » du PPRD. Il sera désigné président de ce parti.

Baudouin Amba Wetshi

Happy
Happy
0 %
Sad
Sad
0 %
Excited
Excited
0 %
Sleepy
Sleepy
0 %
Angry
Angry
0 %
Surprise
Surprise
0 %