La faim

La FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) et le PAM (Programme alimentaire mondial) ont décrété ce 6 avril 2021 que notre pays est la deuxième plus grande crise de la faim dans le monde après le Yémen. Une personne sur trois serait touchée par une insécurité alimentaire aiguë, soit 27,3 millions de personnes. Il paraît que près de sept millions de personnes seraient aux prises avec des niveaux d’urgence de faim aiguë. Les enfants se couchent le ventre vide et les familles sautent des repas pendant une journée entière. Enfer et damnation!

Quand un ventre est bien rempli, le cœur est heureux. Ceci expliquant cela, je pouvais comprendre que ce soit en Afghanistan, au Pakistan, en Syrie, en Somalie ou au Sud-Soudan et même en Haïti! Mais pas nous quand même! Nous avons des terres, des rivières, un fleuve, des lacs, des forêts et tutti quanti! Sans compter que nous avons Bukanga Lonzo et les plus grands pasteurs du monde!

D’après l’ONU, les facteurs clé de cette crise sont les conflits, le marasme économique et l’impact socio-économique de la Covid-19. On peut bien se demander comment ils sont parvenus à cette arithmétique funeste. Mais les voies de l’ONU sont souvent insondables. Certes, il y a quelques problèmes d’insécurité alimentaire. Mais pas dans une telle ampleur!

Mon ami qui sait ce qui se passe dans tous les coins et recoins de Kinshasa, me dit qu’un jeune homme de 24 ans lui a demandé si c’était vrai que les Américains mangeaient tous les jours. Il a failli crever de stupéfaction quand il apprit que les Yankees se sustentent trois fois par jour. Il enfonça le clou en signalant qu’un individu peut manger à lui seul un poulet entier! Comprenez mon émotion!

Ce jeune est né en l’an de grâce 1997. L’année du début de la révolution-pardon des Kabila. Les libérateurs nous avaient délivré de tout ce que nous possédions: paix, dignité, honneur, nourriture, richesses…. Saperlipopette! Bref, passons!

Alors que la population crève de faim, les députés nationaux sont assoiffés d’argent. Les honorables mangent pourtant trois fois par jour. Ils sont dodus, joufflus, lippus, chevelus, velus, ventrus, fessus… Mais ils n’en ont jamais assez. Ils rêvent toujours d’entrer au gouvernement qu’ils assimilent à une mangeoire nationale. C’est tout naturel que ceux qui ne sont pas devenus ministres n’acceptent pas le gouvernement de Sama Lukonde fraîchement nommé. Ils affirment que la représentation régionale n’est pas respectée. Ils exigent, hic et nunc, des ajustements. Certains demanderaient même pour chacun 50.000 dollars pour revenir à de bons sentiments. Sapristi! Sinon, les députés dits « révolutionnaires » menacent de bloquer l’investiture du gouvernement à l’Assemblée nationale. Stupeur et tremblements!

Si toutes les ethnies devaient être représentées au gouvernement, on aurait au moins 250 ministres! Dans notre pays convoité par tous les pays voisins, les hommes politiques ont tendance à faire compliqué quand on peut faire simple. Je suppose que vous avez déjà entendu parler du rasoir d’Ockam? Pour ceux qui ne le sauraient pas, Guillaume d’Ockam est un philosophe anglais du début du 14ème siècle. D’après mon ami qui connaît tout, le « rasoir d’Ockam » stipule qu’il ne faut pas multiplier les êtres sans nécessité, et dans le travail intellectuel, on doit toujours choisir ce qui est le moins dispendieux pour l’esprit. Suivant mon ami qui sait ce qui se passe dans tous les coins et recoins de Kinshasa, la population demande simplement que les ministres travaillent d’abord. Ils seront jugés après, pièce contre pièce. On dit chez nous que le fleuve fait des détours parce que personne ne lui montre le chemin.

 

GML

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