Me Katende: « Le procès contre Mukuna est une affaire politique »

Comment allez-vous?

Je vais très bien.

Vous êtes le numéro 2 du mouvement « éveil patriotique » que dirige l’évêque Pascal Mukuna. Lors de l’audience du 17 juin, le représentant du ministère public a requis à son encontre la peine de 20 ans de prison. Le verdict est prévu le jeudi 25 juin. Quel est votre commentaire?

Le ministère public a requis 20 ans de prison pour viol, 2 ans pour menace, 2 mois et une amende de 1.500.000 FC pour la détention illégale des documents.

La partie civile a-t-elle pu démontrer la matérialité de l’infraction de viol ?

C’est bien connu que dans un procès chaque partie voit les choses à travers ses propres « lunettes ». Au Congo-Kinshasa, les magistrats oublient souvent qu’ils ont le devoir d’instruire non seulement à charge mais aussi à décharge. Celui qui avait amené l’évêque Mukuna devant le tribunal devait continuer à soutenir sa thèse bien qu’elle ne tenait pas debout lors de l’instruction. On espérait que la démonstration faite par les avocats de la défense allaient le contraindre à changer de fusil d’épaule. Hélas non! il est resté sur sa ligne de réquisitoire. De toutes les façons, le ministère public peut même requérir une peine de 40 ans. C’est bien le juge qui va statuer en dernier ressort.

Justement, avez-vous eu le sentiment que les juges se comportaient avec impartialité?

Je pense que le tribunal a joué le rôle apparent qui était le sien. Le tribunal est composé de trois juges. Lorsqu’ils vont se concerter pour décider, il faut qu’il y ait deux « pour » et un « contre ». Cela est valable tant pour l’acquittement que pour la condamnation.

Que pensez-vous de ceux qui s’étonnent que pour le même fait, en l’occurrence le viol, le pasteur Moïse Mbiye est libre tandis que Pascal Mukuna a été détenu avant de passer devant les juges?

Il faut noter que l’affaire Moïse Mbiye n’a jamais été portée devant un tribunal. Je n’ai aucune idée de ce qui s’est passé au niveau du ministère public. Par contre, l’affaire Mukuna a une connotation politique. Des « gens » ont voulu le faire taire par rapport à son engagement dans « l’éveil patriotique ». Ne pouvant opérer de manière directe, ces « gens » ont eu recours à un « masque ». Il fallait éluder l’impression d’un règlement de politique en mettant en exergue le côté « affaire de droit commun ». Nous sommes parfaitement conscients que derrière madame Tshibola, il y a des forces politiques qui agissent.

Est-il confirmé que le verdict sera rendu le jeudi 25 juin?

Effectivement!

Naturellement, les voies de recours restent ouvertes…

Absolument!

Comment avez-vous trouvé le moral de Pascal Mukuna?

Il a un moral très bon. Il considère que cette affaire est un « incident de parcours ». Et qu’il finira par sortir de la prison. Après, il continuera le travail d’éveil patriotique. Selon lui, la situation qu’il traverse a consolidé son mental. Il a compris que l’éveil patriotique est une campagne qui a de l’impact. Sinon on ne se serait pas acharné sur lui comme c’est le cas.

Où en est-on avec la plainte que le conseil de Mukuna avait déposée contre Barnabé Kikaya devant le procureur général près la cour d’appel de Kinshasa/Gombe?

Sans aucune suite. Cela fait aujourd’hui près d’un mois que la justice n’a jamais invité Monsieur Kikaya à se présenter. Comme vous pouvez le constater, pour Monsieur Kikaya, près d’un mois après la justice n’agit pas. Qu’en est-il de l’évêque Mukuna? Le 8 mai, il dépose la dénonciation contre Monsieur Kabila au parquet près la Cour constitutionnelle. Une dénonciation qui tient lieu de goutte d’eau qui fait déborder le vase. Le 8 mai, Madame Tshibola porte plainte contre l’évêque Pascal Mukuna. Le 12 mai, ce dernier reçoit un mandat de comparution. Le 13 mai, il se présente au parquet. Il est entendu. La confrontation a eu lieu. Le même jour, il est placé sous mandat d’arrêt provisoire. Le lendemain il est envoyé à la prison de Makala.

Devrait-on parler d’une justice à deux vitesses?

Une chose est sûre: cette précipitation de la justice congolaise – dans un cas et pas dans un autre – doit nous interroger. L’évêque Mukuna n’a tué personne. Il s’agit d’une affaire de viol. Une affaire, au demeurant, contestable. L’évêque est un homme qui a fait un travail spirituel appréciable. Son Assemblée compte plus de 180 églises à Kinshasa. Ces églises sont implantées dans toutes les provinces ainsi qu’à l’extérieur du pays. Il s’agit d’un homme qui ne peut pas fuir ses obligations. Pourquoi a-t-on trouvé utile de le conduire directement en prison? En fait, c’est à cause de son combat. Comme Monsieur Kikaya l’avait dit: La prison était une étape qui précédait un châtiment plus sévère. Comment peut-on expliquer qu’une personne qui profère de telles menaces laisse la justice indifférente? Tous les gens avertis ont compris que cette affaire est un « procès fabriqué » pour faire taire l’évêque Pascal Mukuna. Ce fait est très avantageux pour nous

 

Propos recueillis par Baudouin Amba Wetshi

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