Chacun fait la grève à sa manière

Gaston Mutamba Lukusa

Dans notre pays convoité par tous les pays voisins et la Chine, les grèves se multiplient pour faire entendre des revendications. Un petit tour d’horizon. Des administratifs et professionnels du secteur de la santé ont déclenché une grève le 22 aout. Ils réclament l’alignement de la prime de risque professionnel pour le deuxième et troisième trimestre 2023, la paie complémentaire d’avril, mai et juin 2023 et la poursuite du processus de régularisation de la situation administrative des agents et cadres.

Les enseignants sont toujours en embuscade. Un préavis de grève de 10 jours a été lancé le 25 septembre par les agents de la Régie des voies aériennes de Gemena dans le Sud-Oubangui, pour exiger le paiement de 106 mois de salaire. Comme si cela ne suffisait pas, les pétroliers de la ville de Lubumbashi ont interrompu la vente de carburants pendant plusieurs jours pour réclamer des ajustements de la structure des prix. Ceci n’expliquant pas cela, le 18 septembre, les chauffeurs membres de l’Association des chauffeurs routiers de poids lourds du Congo ont débrayé pour réclamer une augmentation des salaires, la suppression de la sous-traitance, ainsi que le paiement des frais de mission et des primes au taux du jour. Dans le même temps, à Mbuji-Mayi dans le Kasaï Oriental, les chauffeurs de taxis-motos ont marché pour décrier le paiement de la taxe dite « jeton ».

Fin septembre, les députés provinciaux n’ont trouvé mieux que de passer la nuit devant la primature exigeant d’être reçus par le chef du gouvernement puis le vendredi 29 septembre, ils ont fait un sit-in devant le cabinet du ministre des Finances. Ils exigent hic et nunc le paiement de leurs arriérés de quatre mois. Enfer et damnation! Finalement, il n’y a que les inénarrables pasteurs des églises de réveil, passés maîtres dans l’art de sauver les âmes des défunts et de soulager les poches des vivants, qui ne vont pas en grève. Évidemment, grâce à la Bible, beaucoup d’entre eux sont devenus dodus, chevelus, lippus, joufflus, poilus, mamelus, ventrus, fessus… Décidemment, le commerce du nom de Dieu est fort rentable. Saperlipopette!

Hurlant avec les loups, l’ex-Raïs Joseph Kabila et son Front commun pour le Congo ou ce qu’il en reste, continuent de faire de la résistance. Ils déclarent urbi et orbi avoir boycotté le processus électoral. Peut-être qu’il n’a pas encore trouvé les 15 compagnons honnêtes qu’il recherche depuis des années pour redresser le pays. Enfer et damnation! C’est comme le philosophe grec Diogène de Sinope qui vécut de 404 à 323 av. JC. D’après mon ami qui connait tout, il vivait dans un tonneau. Il se promenait en plein jour avec une lampe allumée qu’il tenait devant les visages des citoyens d’Athènes en affirmant qu’il recherchait un humain honnête. Sapristi!

A ce jour, le pouvoir a intronisé Fatshi comme candidat unique alors que l’opposition va clopin-clopant, saupoudrée, émiettée, divisée aux élections. Mon ami qui est devenu fou affirme connaître le nom du vainqueur de l’élection présidentielle. A l’en croire, Martin Fayulu deviendra Président élu honoraire. Stupeur et tremblements! Après avoir tergiversé et lancé une fatwa sur le processus électoral, le voilà qui vient de décider de déposer sa candidature à la présidentielle. D’après mon ami qui sait ce qui se passe dans tous les coins et recoins de Kinshasa la déglinguée, le dépôt de candidature à l’élection présidentielle de certains opposants est juste un stratagème pour finalement se désister en faveur de celui qui aura le vent en poupe durant la campagne électorale.

On dit chez nous que la pire erreur à faire est de constamment craindre de commettre une erreur.

GML

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