FARDC: « Mission possible » pour le général Tshiwewe?

Nouveau chef d’état-major général des Forces armées congolaises depuis le 3 octobre 2022, le lieutenant-général Christian Tshiwewe Songesa, 54 ans, prend la direction de nos forces armées à un moment complexe où la population congolaise, chauffée à blanc, attend un « résultat ». Ce résultat n’est autre que la reprise de la localité de Bunagana des mains des « trublions » du M23. L’ex-numéro un de la Garde républicaine pourra-t-il relever le défi?

Kinshasa. Camp Kokolo. Jeudi 13 octobre. Chapeau bas au chef d’état-major général des FARDC sortant, le lieutenant général Célestin Mbala Musese pour l’organisation impeccable de la cérémonie de « passation de commandement » entre lui et son successeur le lieutenant général Christian Tshiwewe Songesa. Ce qui est banal sous d’autres cieux parait toujours exceptionnel au Congo-Kinshasa. Le défilé militaire fut irréprochable. On a rarement vu les soldats, officiers et sous-officiers des FARDC faire montre d’autant de discipline et d’ordre. Tout cela sous les yeux du commandant suprême des FARDC, le président Felix Tshisekedi Tshilombo. Les mauvaises langues n’ont manqué de chuchoter que « les soldats congolais ne sont bons que pour la parade ».

Premier temps fort: l’adresse du chef d’état-major général sortant. On retiendra du speech du lieutenant général Célestin Mbala Musense un certain satisfécit des réformes entreprises dans l’armée et l’administration militaire. Pour lui, la loi de programmation militaire qui vient d’être promulguée aura pour effet l’accroissement des capacités opérationnelles de l’armée nationale. Et ce « au moment où notre pays fait face à une instabilité provoquée par une agression étrangère ». Certains ont regretté le fait que le « sortant » n’ait pas osé nommer l’agresseur.

Il importe d’ouvrir la parenthèse ici pour relever que des experts militaires espèrent que la loi de programmation militaire – qui prévoit une dotation annuelle estimée à un milliard de dollars – aura pour effet la modernisation de l’équipement des FARDC notamment en chars de combat, transporteurs des troupes, artillerie et hélicoptères de combat. Et pourquoi pas de lances missiles sol-air et sol-sol? Fermons la parenthèse.

Le général Mbala a terminé son mot en soulignant le « soutien » pour le moins inconditionnel que la population congolaise manifeste à l’endroit des forces armées. Il a, au passage, suggéré à son successeur de « faire bon usage de ce soutien ». Autrement dit, il ne faudrait pas trahir cette confiance.

Deuxième temps fort: la remise de l’Etendard au nouveau chef d’état-major général (CEMG) par le commandant suprême. « Je vous donne cet étendard, symbole de votre commandement et je vous demande de le défendre jusqu’au sacrifice suprême », a-t-il dit cette formule rituelle.

Troisième temps fort: prestation de serment du nouveau CEMG: « Je jure solennellement devant la nation et devant le Président de la République, commandant suprême des FARDC, de respecter scrupuleusement l’esprit et la lettre de la Constitution et les lois de la RDC, d’accomplir avec loyauté et honneur toutes les missions qui me sont confiées et consacrer toutes mes forces et tout mon savoir-faire à défendre l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC contre toute forme de menace à caractère militaire d’invasion ou d’agression jusqu’au sacrifice suprême ».

Le général Christian Tshiwewe Songesa prend la direction de nos forces armées à un moment où l’Etat congolais affiche la mine du « maillon faible » de l’Afrique centrale. Et ce faute d’une armée dissuasive permettant au pays de défendre ses frontières sans devoir recourir à l’assistance de certains pays voisins. L’ex-Zaïre a cessé d’exercer le monopole de la contrainte légitime sur son territoire. Le pays fait face, depuis plus de deux décennies, à une instabilité provoquée par des bandes armées nationales et étrangères. Sans omettre la convoitise de certains pays. C’est le cas du Rwanda.

On ne le dit pas assez que les pseudo-libérateurs du 17 mai 1997 s’étaient empressés d’envoyer 42.000 militaires des FAZ dans un camp de concentration à la Base de Kitona. Plusieurs officiers, sous-officiers et commandos formés dans les meilleurs académies militaires périrent de malnutrition et autre choléra. Certains pays voisins – bien connus – espéraient par ce crime contre l’humanité maintenir le « Grand Congo » à genoux.

La mission confiée au général Tshiwewe ne sera possible qu’à quatre conditions. Primo: identifier les pays voisins qui menacent la sécurité nationale de la RDC. On pourrait citer notamment l’Angola, le Burundi, l’Ouganda, le Rwanda et la Zambie. La vigilance devrait être de rigueur à l’égard de ces pays. Secundo: restaurer l’esprit de corps au sein des forces armées par l’éradication du « mono-ethnisme » dans certaines unités. A l’époque de la Force publique, le pouvoir colonial veillait scrupuleusement au mélange des tribus. L’armée se portait bien. Tertio: procéder à des permutations pyramidales de sorte que les natifs d’une province soient affectés ailleurs que leur terroir. Enfin: Dégraisser le « mammouth » en ramenant les effectifs des FARDC à plus ou moins 50.000 hommes. Des hommes bien entrainés, bien équipés et bien payés.

Le général Tshiwewe est le premier chef d’état-major général de nos forces armées non issu des Forces armées zaïroises.


Baudouin Amba Wetshi

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