Les 4 erreurs fatales de la direction politique de l’UDPS en 1991-1992 et leurs conséquences catastrophiques

Dr François Mpuila

1. Rappel de l’aspiration profonde et légitime de notre Peuple

  • Elle était clairement exprimée tout au long du Combat:

a) Le rejet absolu de Mobutu, de son système et de ses collaborateurs;
b) L’option fondamentale et irréversible de voir s’instaurer dans notre pays le système démocratique: Les résolutions de la CNS (Conférence nationale souveraine) sont les fondements de l’Etat de droit démocratique, moderne et prospère;
c) La gestion du système démocratique pendant la Transition et la 3ème République par les fils du pays dont le profil correspond à celui défini par la CNS pour les dirigeants.

Donc: rupture totale avec Mobutu, son système et ses collaborateurs; instauration du système démocratique et choix des Dirigeants correspondant au profil défini par la CNS.

Cette aspiration du peuple devait être absolument respectée d’autant plus que Mobutu et ses collaborateurs avaient donné, pendant plus de deux décennies au pouvoir, des preuves nécessaires et suffisantes d’être des criminels impénitents, arrogants et sadiques, irrémédiablement irrécupérables, des prédateurs des ressources naturelles de notre pays, des pilleurs des caisses de l’Etat, des semeurs des antivaleurs, des fossoyeurs de l’Etat, des tortionnaires, des bourreaux et des assassins de notre Peuple.

Les mobutistes ne correspondaient donc pas au profil des dirigeants défini par la CNS pour la Transition et la 3ème République. Ils l’ont démontré même pendant la tenue de la CNS: ils ont tout fait pour perturber ses travaux et souiller les délégués; ils ont interrompu militairement ses travaux et massacraient le 16 Février 1992 des milliers de nos compatriotes qui étaient descendus dans les rues pour réclamer pacifiquement la réouverture des travaux de la CNS.

La direction politique de l’UDPS et toutes les forces de progrès devaient:

    • Se conformer scrupuleusement à cette aspiration et volonté de notre peuple; démontrer leur respect pour les efforts déployés, les sacrifices consentis, les humiliations et les souffrances endurées par les membres de l’UDPS, notre peuple et toutes les forces nationales de progrès durant plusieurs années de combat; honorer la mémoire des martyrs et prendre au sérieux les recommandations argumentées des cadres de l’UDPS de la diaspora;
    • Eviter, quelles que soient les pressions et les critiques, de comploter derrière le peuple et contre le peuple, en dehors de la CNS, pour faire revenir Mobutu et ses collaborateurs au pouvoir par le truchement des négociations secrètes, des compromis compromettants, des accords, des alliances, des plateformes, des gouvernements d’union nationale… avec Mobutu et ses collaborateurs.
  • Mobutu et ses collaborateurs étaient devenus de simples citoyens comme tous les autres Congolais

Ils avaient perdu toute légitimité politique et juridique. Le Peuple avait récupéré sa souveraineté et était devenu la Source et le Fondement de toute légitimité de pouvoir, de son organisation, de son fonctionnement et de son exercice. Donc:

    • Mobutu et ses collaborateurs n’avaient, par rapport aux autres Congolais, aucun droit, aucun privilège, aucune préséance pour revenir au pouvoir;
    • A part le peuple en tant que Souverain primaire, aucun homme, aucune institution ne jouissait d’une autorité légale, d’un pouvoir légitime et de la capacité de dicter sa volonté à la Nation;
    • La CNS s’était imposée comme le seul cadre de concertation nécessaire à la mise en œuvre des mécanismes légitimes constitutionnels et institutionnels de gestion de notre pays pendant la Transition et pendant la IIIème République. En effet, faute d’organe crédible, jouissant de la confiance populaire, la mission de préparer la Transition démocratique pacifique revenait de droit à une assemblée extra-parlementaire exigée par le peuple comme une instance sans lien légitime ou naturel avec le tyran, le MPR et ses animateurs;
    • Pour avoir été humilié, animalisé et chosifié pendant plus de deux décennies sous la tyrannie de Mobutu, le peuple était devenu méfiant envers la classe politique (elle avait été unie autour de Mobutu, dans le Parti-Etat MPR, et avait très activement participé aux crimes). Et le peuple tenait à éviter que l’initiative politique ne soit de nouveau redonnée au tyran et à ses collaborateurs par le truchement des complots au sein d’une classe politique composée des criminels, des mafieux, des hommes corrompus, médiocres, vidés de toute substance noble, de toute notion de valeur, de dignité, de patriotisme…
    • La crainte de voir la classe politique s’entendre et redonner l’initiative et le pouvoir à Mobutu et à ses collaborateurs avait poussé notre peuple à réclamer d’être associé directement ou indirectement à travers ses délégués à la CNS, à la prise des décisions visant à la préparation, à la conception et à l’élaboration des institutions politiques de la Transition et de la 3ème République ainsi que du calendrier électoral.
    • Rien d’autre ne pouvait être décidé en dehors de la CNS car à défaut d’une assemblée existante et ayant une assise légitime, légale, constitutionnelle et représentative, il a fallu organiser une conférence politique, réclamée par l’ensemble de la société congolaise et largement représentative de l’ensemble de toute notre société. C’est cette présence qui a conféré à la CNS une légitimité de fait résultant de son caractère largement représentatif.
    • L’adhésion de l’ensemble du peuple congolais au projet de société démocratique issu de la CNS: c’est la première instance à laquelle notre peuple s’est réellement identifié et pour laquelle il a accepté de payer même le prix du sang.

2. Création des partis politiques fictifs

Dans leur désarroi, Mobutu et ses collaborateurs décidèrent de discréditer le pluralisme politique, de polluer le climat politique général et de semer la confusion dans les esprits en créant une multiplicité des partis politiques ayant l’ADN du mobutisme maquillé sous des noms respectables tels que la démocratie, le libéralisme, le socialisme, l’indépendance, le renouveau, le changement, l’opposition, le progrès social, le développement…

En outre, ces partis politiques étaient des partis fictifs, des partis-mallettes : ils n’avaient comme membres que le père, la mère et leurs enfants et n’existaient que dans les mallettes. Ils n’organisaient jamais des assemblées, des congrès, des meetings, des manifestations…; ils ne mobilisaient pas nos compatriotes.

3. Tous ces partis fictifs se réclamaient de l’Opposition et créèrent la confusion

La confusion et le brouillard envahirent nombreux Compatriotes: ils ne savaient plus distinguer les vrais partis de l’Opposition et les faux partis de l’Opposition.

4. La demande faite à la Direction politique de l’UDPS par les mobutistes présidents des partis politiques fictifs

Les mobutistes entamèrent des démarches auprès des leaders de la direction politique de l’UDPS pour négocier, signer des accords, former l’unité de toute l’Opposition, faire fonctionner toute l’Opposition sous une seule direction de l’Opposition congolaise, mettre en place des plateformes, des coalitions, des alliances, des fronts communs…

La direction politique de l’UDPS, soutenue et encouragée par les cadres de l’UDPS de la Diaspora, rejeta avec fermeté cette demande.

5. Mise à contribution des autres compatriotes

Les mobutistes firent appel aux autres Compatriotes pour exercer toutes sortes des pressions sur les Leaders de l’UDPS.

Certains Compatriotes inappropriés se mirent au travail. Parmi ces compatriotes inappropriés se trouvaient notamment:

  • Ceux qui n’avaient jamais participé au Combat et qui avaient été des spectateurs insouciants, indifférents, acosmiques et éthérés. Ils ne s’étaient jamais sentis concernés par notre Combat depuis le 1er Novembre 1980 jusqu’à la signature, le 11 Avril 1991, de deux Ordonnances par Mobutu convoquant la CNS;
  • Ceux qui avaient vécu accrochés aux mamelles nourricières des mobutistes;
  • Ceux qui s’étaient employés à vouloir décourager les Leaders et les membres de l’UDPS par les désaveux et les critiques acerbes. Ils avaient qualifié le combat de l’UDPS comme une fable de mauvais goût, un suicide politique et social certain, un acte dicté par la démence, le fanatisme aveugle, une témérité inouïe, une illusion, une hallucination, des ambitions démesurées…;
  • Ceux qui nous accusaient auprès des escadrons de la mort, des SS, de la Securitate et de la Gestapo et percevaient de l’argent pour notre sang;
  • Ceux qui, bien que résidant à l’étranger, voyaient partout l’ombre de Mobutu et de ses escadrons de la mort. Ils nous déconseillaient d’arborer les insignes de l’UDPS sur nos vestes et nous évitaient dans les rues, les magasins, les bus, les métros, les trams, les gares des trains… Ils nous invitaient à contre cœur dans des fêtes et nous déconseillaient d’aller y afficher des insignes de l’UDPS ; ils nous disaient clairement que notre présence dans des fêtes arborant les insignes de l’UDPS sur nos vestes mettait en danger la vie et la sécurité des hôtes;
  • Ceux qui avaient des accointances amicales, familiales, claniques, tribales, professionnelles… avec Mobutu et ses collaborateurs. Ils furent utilisés par Mobutu et ses collaborateurs pour exercer des pressions sur la direction politique de l’UDPS.

6. Les critiques

Les Leaders de l’UDPS qui rejetèrent l’idée de contourner les Résolutions de la CNS et de permettre à Mobutu et ses collaborateurs à revenir au pouvoir par le truchement des négociations secrètes, des compromis compromettants, des plateformes… furent la cible de toutes sortes de critiques. Ils furent qualifiés d’orgueilleux, de vantards….

7. Les 4 erreurs fatales

Attaqués et critiqués de toutes parts, ils finirent par céder à la demande des Mobutistes, aux pressions et aux critiques et ils commirent les 4 erreurs fatales ci-après:

  1. Acceptation de négocier avec les Mobutistes, de constituer les plateformes et les alliances avec eux et de former avec eux une direction politique commune de l’Opposition: d’où la formation de l’usoras, de l’usoral, de l’union sacrée…;
  2. Acceptation de signer avec les Mobutistes, en dehors des structures de la CNS, le Compromis politique le 30 Juillet 1992. Succinctement, ce Compromis a) prônait la neutralité de la Transition au lieu de marcher résolument vers le Progrès en appliquant sans tergiversation ni atermoiement la Vision du Progrès exprimée par l’aspiration profonde et légitime de notre Peuple ; incarnée par l’UDPS et les Forces nationales de Progrès et culminant dans les Résolutions de la CNS; b) permettait à Mobutu de revenir au pouvoir, par la porte de derrière, en dehors de la CNS, contre la CNS et à l’insu des structures de la CNS et de gérer la Transition en tant que le Président de la République; 3) interdisait toute critique contre Mobutu et exige que ce dernier, qui sera pendant la Transition le Président de la République, institution suprême de l’Etat, et symbole de l’unité de la Nation, soit mis à l’abri de tout ce qui pouvait entamer son prestige et sa crédibilité pendant la période de la Transition;
  3. Formation effective d’un gouvernement d’union nationale (contenant donc aussi les collaborateurs de Mobutu) pour la Transition;
  4. Négliger d’entamer les relations de Partenariat selon l’option gagnant-gagnant car les Mobutistes étaient désavoués par la Communauté Internationale.

A suivre: Analyse approfondie de ces 4 erreurs fatales et leurs conséquences catastrophiques

Fait le 23 Décembre 2019

 

Pour le Leadership National Congolais de Progrès
Dr François Tshipamba Mpuila GSM: +32-493-325-104 ; E-mail: tshipamba.mpuila@yahoo.fr

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