Isabel Ruth Tshombe a-t-elle tapé dans la caisse?

Lutundula l’accuse à haute voix

A quelle sauce Christophe Lutundula veut-il manger Isabel Tshombe? A la sauce tartare? A la moambe ou au « mosaka »? Assaisonnée au « ndakala » (le fretin pêché au lac Tanganyika dans l’ex-Katanga)?

Le VPM, ministre des Affaires étrangères avait, sans doute, surestimé son poids ou, pour le moins avait-il sous-estimé le poids de l’ambassadrice de la RDC à Paris en l’exposant, sans précaution, dans une note vite tombée sur les réseaux sociaux qui n’ont pas la vertu d’être une tombe. Isabel Tshombe est tout sauf du menu fretin du lac Tanganyika.

Une « mission de contrôle » dépêchée à Paris auprès de notre ambassade charge lourdement la cheffe de mission. Alors que les ambassades congolaises sont réputées « désargentées », les contrôleurs de la « commission mixte permanente » ont plutôt découvert que la représentation diplomatique congolaise à Paris manipule d’énormes sommes d’argent et qu’en moins d’une année de fonction, Isabel Ruth Tshombe est soupçonnée par son ministre d’avoir empoché plus de 1 million d’euros. Le chef de la diplomatie monte sur ses grands chevaux et rappelle « pour consultation » l’ambassadrice pour être entendue. Au Quai d’Orsay et dans les chancelleries à Paris, c’est la stupéfaction. On raille avec pitié et agacement la diplomatie congolaise pourtant autoproclamée « agissante ». On cherche à comprendre, « comment et pourquoi un pays qui n’a pas de problème avec Paris rappelle en consultation son ambassadeur », confie à The Post un diplomate africain basé dans la capitale française.

Aux origines du conflit. Dans les méandres du ministère des Affaires étrangères et de l’ambassade de la RDC à Paris, plusieurs sources concordantes décèlent la première étincelle entre Lutundula et Tshombe à la nomination de cette dernière. Que celle-ci soit reconnue « ambassadeur politique », c’est-à-dire directement nommée par la volonté du chef de l’Etat lui-même, cela ne froisse pas Lutundula Apala Pen Apala. Bien au contraire! le VPM entend transformer ce « manque à gagner » en une incommensurable opportunité. Dès la prise de fonction de Tshombe, Lutundula la gratifie d’une longue liste de personnes à placer au sein de la mission diplomatique. Sur cette liste longue comme son bras, Pen Apala y place enfants, nièces, neveux, parents et autre fratrie. « La liste est essentiellement Tetela », s’indigne une source à Paris. Un sentiment d’indignation qui envahit Isabel Tshombe qui ne le cache pas et le fait savoir au chef de la diplomatie congolaise qui n’a que faire des leçons de morale. A la vitesse grand V, le VPM entreprend d’accréditer ses rejetons qui prennent leur quartier à Paris et s’installent dans leur nouveau boulot de diplomates.

Echelle des valeurs

Ce recrutement massif dans la coterie n’est pas le seul point de divergence entre la hiérarchie à Kinshasa et l’ambassadrice à Paris. Jamais un sans deux. Très vite, une nouvelle divergence de vue va surgir lorsque Lutundula décide de doter les missions diplomatiques de voitures de luxe. Il conclut en décembre 2021 un contrat pour la livraison des véhicules à plusieurs ambassades de notre pays. Selon Africa Intelligence, ce marché est confié à Sada Motors, une société dont le directeur général n’est autre que le jeune frère du ministre des Finances, Jacky Kazadi Nduba, par ailleurs actionnaire minoritaire de la société. Coût de la transaction pour les 167 véhicules diplomatiques: plus de 15 millions USD, dont 10 millions sont payés avec diligence. Parmi les ambassades prioritaires, figure celle de Paris. Seulement, Isabel Tshombe, bien que dans le besoin, ne trouve pas prioritaire l’acquisition coûteuse d’une limousine à acheminer depuis Kinshasa alors que les services de l’ambassade logent dans un immeuble qui suinte, sans gaz et autres commodités. Selon une source au fait du dossier, une fois de plus, elle le fait savoir à son ministre qui enrage et peste contre une dame « qui se croit tout permis ».

Si malgré tout Lutundula reconnait un peu plus tard la pertinence de la priorité de réhabilitation de l’immeuble consulaire de Paris, ce n’est pas pour laisser les mains libres à l’ambassadrice. Avant le véhicule de Sada Motors bénéficiaire d’un marché de gré à gré, Tshombe demande tout de même au ministère la réhabilitation du bâtiment de Paris. Ce que Lutundula ne lui refuse pas directement. On aurait dit que Saint Christophe a pris goût au jeu des marchés publics de son ministère pour préparer ses vieux jours. La diplomate lui propose trois entreprises françaises soumissionnaires en prenant soin de lui indiquer sa préférence pour une des trois au motif qu’elle emploie plusieurs compatriotes congolais. Le VPM fait mine d’agréer mais sort de son chapeau une entreprise turque qu’il n’entend pas laisser tomber. « On lui explique que l’ambassade congolaise étant située dans l’arrondissement présidentiel, il serait difficile à une entreprise turque de satisfaire aux normes sécuritaires ». Lutundula tient à ses Turcs. Après tout, c’est lui le chef. Pas la bonne dame qui est à Paris.

Du coup, on rapporte dans les milieux diplomatiques les impaires du chef de la diplomatie congolaise qui est allé jusqu’à prétendre qu’un pays, la France en l’occurrence, avait bloqué des armes congolaises achetées en Turquie, alors que, selon toute vraisemblance, on ne serait pas loin d’un trafic indélicat des armes. Un épisode qui aurait valu à Tshombe de s’expliquer devant le pays hôte qui se gausse des hallucinations de notre VPM.

En convoquant la diplomate à Kinshasa aux fins d’être entendue par ses propres services, Lutundula plante le décor d’une immolation sans pitié. Tshombe elle, loin de se faire agneau docile, annonce les couleurs de ce que sera la partie de « pièce contre pièce », dans un tweet « déstabilisateur », selon une source au 8ème niveau de l’immeuble des Affaires étrangères. « Sereine, rigoureuse et “droite dans mes bottes” je le reste. Dommage pour une note mouillée d’acide et réputée officielle muée en un secret de polichinelle sur la toile! Est-ce fortuit? Savoir dire non à une forfaiture a un prix et je le paie. Rendez-vous à Kin, il n’y aura pas d’honneur perdu! ».

La partie entre Lutundula et Tshombe glisse dans la politique. Apala qui se voit perdre la manche après avoir monté son échafaudage de contrôle financier, joue maintenant les victimes de frère « Mutetela » de Lumumba contre le méchant katangais, Tshombe. Du coup, on chuchotte que l’ambassadrice veut user de son nom pour se payer la tête de son ministre. « Pourquoi pas », rétorque un notable katangais qui soutient que « Isabel Tshombe porte bien un nom qu’elle se doit de défendre ».

Et avant le 15 janvier, Tshombe est dans la ville et attend de pied ferme alors qu’au dehors gronde l’orage d’un remaniement gouvernemental qui réserve bien des surprises et ne manque pas de donner bien des soucis au VPM.


Kileba Pok-A-Mes
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